La Guajira

29 Avril - 1 Mai 2016

Pour se rendre dans le désert de La Guajira, il faut le vouloir. Impossible de s'y rendre par ses propres moyens, il faut donc trouver un tour avec une agence. Mais étant en basse saison, les départs ne se font pas tous les jours, et de plus nous voulons aller jusqu'à Punta Gallinas, tout au nord, ce qui est d'autant moins fréquent.

 

Le trajet durera environ 7h depuis Santa Marta jusqu'à Cabo de la Vela. Nous retrouvons nos compagnons de route (2 colombiennes et 2 argentines, plus Toby, notre guide) à Riohacha, et passons par Uribia, capitale indigène de la Colombie et dernière ville avant le désert, où nous faisons le plein d'essence. Cela consiste à demander à des mecs au bord de la route de remplir le réservoir en aspirant l'essence de contre-bande vénézuélienne grâce à un tuyau. Nous faisons aussi le plein de confiseries et de gâteaux (non ça n'est pas pour moi, j'entends d'ici les mauvaises langues...), pour payer les "péages" tout au long de la route. Nous aurions préféré ramener de l'eau potable (en grande pénurie dans cette région), plutôt que le diabète mais Toby préfère prendre les confiseries... Les "péages" en question consisteront en une corde tendue entre deux arbres ou tenue par des gamins de tous âges, il peut y avoir 5/6 en quelques mètres, tenus par des dizaines d'enfants. Sur la route pendant ces quelques jours, nous croisons quelques bâtiments scolaires, mais pas sûre qu'ils soient utilisés par beaucoup d'enfants... Un léger sentiment de malaise vis à vis de ces gamins, en tous cas d'un point de vue européen...

La Guajira est peuplée d'indigènes, les Wayuu, qui ont la particularité d'avoir les nationalités colombiennes et vénézuélienne, le territoire étant partagé entre les deux pays. Ils vivent dans des rancherias, minuscules hameaux familiaux éparpillés dans le désert.

Salinas de Manaure

A partir d'Uribia, au fur et à mesure la route se transforme en piste sablonneuse, nous arrivons à Cabo de la Vela en début d'après-midi.  Nous grimpons au Pilón de Azúcar, qui domine une baie au sable ocre et à la mer émeraude. Ensuite, nous retrouvons nos pénates et passons notre première nuit en chinchorro (les hamacs colombiens), sur la plage. 

Cabo de la Vela, un spot réputé pour le kite-surf

Nos pénates

Des copains au réveil

El Pilón de Azúcar

Le lendemain, direction Punta Gallinas (le pin sur la carte), le point le plus au nord de l'Amérique du Sud. Si les routes étaient difficiles la veille, là nous passons à un tout autre niveau, qui nous fait regretter les mini-bus sans amortisseurs... Le sable, les passages périlleux dans la boue, les nids de poules... on ne peut définitivement pas se passer d'un 4x4 ici. Pendant 5h, nous traversons donc la Alta Guajira jusqu'aux dunes de Taroa, qui cachent une plage somptueuse. Ensuite, nous partons admirer le coucher du soleil au phare de Punta Gallinas, LE point le plus au nord du continent. Pour y accéder, nous empruntons une ancienne piste d'atterrissage secrète utilisée par Pablo Escobar dans les années 80. On peut encore voir les cratères laissés par les bombardements de l'armée colombienne pour la détruire. Nous passons à nouveau la nuit dans un chinchorro, qui s'avère plutôt confortable ! 

"Snowpiercer"...

... le train qui transporte du charbon, semble infini : 120 wagons !

Ça, c'est la route de luxe

Les petits points roses sont des flamants roses

A la conquête de l'ombre dans les dunes de Taroa

Le Faro de Punta Gallinas, l'exact point le plus au nord de l'Amérique du Sud

Le dernier jour, le retour se fait non-stop de Punta Gallinas à Uribia, ce qui prend à peu près 6h, dans les conditions décrites plus haut, et avec, ne l'oublions pas, deux colombiennes dans la voiture, donc la musique qui va avec... Dur, dur !

La Guajira est un territoire inhospitalier : entre les 40° à l'extérieur, les routes quasi-inexistantes, les déchets plastiques qui traînent partout (dans le guide ils suggèrent que le symbole de cette région devrait être un sac plastique accroché à un buisson...) et le caractère sommaire des structures, cela en fait une région surréelle. Les paysages que nous avons traversé, contrairement à ce que j'avais imaginé avant, étaient infiniment variés, et sont parmi les plus extraordinaires que je n'ai jamais vus. Des grandes étendues de sable doré, aux petits canyons, aux champs de cactus et arbustes desséchés, en passant par des dunes gigantesques, les lagunes turquoises ou des collines lunaires, tout cela baigné de la mer émeraude. Inoubliable ! (On remercie de tout coeur l'inventeur de la voiture climatisée qui a rendu tout cela possible...)